Le récit
LANDLINE s’inspire en grande partie du jeu situationniste un « rendez-vous possible », une rencontre accidentelle dans un espace public. Dans un « rendez-vous possible », vous téléphonez à quelqu’un qui vous indique un lieu aléatoire où vous rencontrerez un inconnu. À votre arrivée, vous attendez que la personne se présente. La nature de cette attente modifie votre perception et votre interaction avec l’espace dans lequel vous vous situez. Un « rendez-vous possible » incarne une métaphore élaborée, suggérant qu’une connexion profonde et intime est, d’une certaine manière, similaire à la rencontre théâtrale.
Les membres du public / participants se présentent à un point de départ où ils reçoivent un iPod et un casque d’écoute. Chaque iPod est synchronisé grâce à un compte à rebours en temps réel à travers une conversation vidéo. Une fois synchronisé, l’audio est diffusé simultanément sur les deux casques. La piste audio contient un ensemble d’instructions exhortant les participants à déambuler dans la ville, tout en évoquant l’autre lieu à des milliers de kilomètres. L’audioguide les encourage à dénicher les espaces qui deviendront la toile de fond des scènes, et les invite à envoyer des histoires et des souvenirs par messages texte au numéro qui leur a été donné au début de l’activité. Le téléphone cellulaire du participant agit comme un pont entre les deux villes. Quand vient le moment de l’interaction, d’échanger des messages textes, la piste audio invite les auditeurs à engager un contact via leur téléphone, et s’adapte au temps de réponse. Les participants sont encouragés à explorer les lieux de leur choix pour les scènes, aucun guide ou carte n’est donc nécessaire. Un message texte entrant amorce l’échange, et les deux inconnus entament un dialogue.
Finalement, les spectateurs sont guidés au quartier général de leur propre ville, où ils trouvent une table pour deux personnes. Ils s’assoient et découvrent enfin le visage de l’inconnu via conversation vidéo. Dans un dernier mouvement, la ville disparaît, laissant deux individus – à la fois interprète et public – dans un simple, mais surprenant, moment d’intimité théâtrale. Le succès de cet instant final dépend de la capacité du participant à surmonter la distance et à humaniser l’autre, là où la technologie permet de rapprocher les gens ici et maintenant.
En mettant en scène une séquence d’évènements soigneusement chorégraphiés, ce projet encourage les individus à flâner ensemble dans un espace imaginaire, alors que les villes réelles se meuvent autour d’eux, sans les remarquer.
LANDLINE évoque la notion d’expérience partagée dans le but d’amener les gens à découvrir les similarités et les différences des uns et des autres, et à percevoir la participation comme un élément essentiel de la citoyenneté du monde. Inspirée de l’idée ludique de la dérive urbaine, l’expérience partagée par deux individus rend la ville vivante grâce à la mobilisation publique. Cette notion est particulièrement importante pour le théâtre aujourd’hui, car elle met en exergue la responsabilité et l’inclusion, des principes qui touchent les spectateurs sur le plan personnel.